LIVRE : Du langage judiciaire à la traduction.

LIVRE : Du langage judiciaire à la traduction.

EXTRAIT DU LIVRE

La traduction des actes judiciaires englobe, au sens large, le droit et les langues. Si les langues ne doivent pas poser de difficultés au traducteur, c’est le droit judiciaire et son langage qui lui posent problème, et ce, à plusieurs niveaux. D’abord, il est confronté tout particulièrement au droit des deux systèmes juridiques qui sont en contact, chacun avec sa façon de fonctionner. Certaines difficultés auxquelles se confronte un juriste peuvent être plus complexes pour un traducteur. Si un juriste français doit régler une difficulté judiciaire dans son propre système de droit, un traducteur doit extrapoler la même difficulté dans l’autre système de droit correspondant à la langue ou aux langues dans laquelle ou dans lesquelles il intervient.

 

Ensuite, la difficulté tient à l’accumulation de notions, termes, groupes de termes ou formules juridiques d’un système auquel il doit trouver des correspondants dans l’autre système. Ces notions constituent le lexique qu’il faut maîtriser. Les connaissances linguistiques ne suffisent pas à parvenir à une bonne traduction. Le traducteur doit également mobiliser des connaissances exactes sur les procédures judiciaires, la nature intrinsèque des actes et il doit connaître le rôle de chaque acteur de la justice. Il intervient dans diverses procédures judiciaires. Dans l’autre système, ces mêmes procédures peuvent être identiques, proches ou inconnues.

 

Pour appréhender le contenu d’une situation particulière évoquée dans l’acte à traduire, il faut en déceler tous les aspects significatifs par un travail de représentation intellectuelle générale et abstraite, car la traduction ne se résume pas à une substitution de tel mot français par tel mot de la langue étrangère comme on a souvent tendance à l’imaginer.

 

Le traducteur travaille sur le sens juridique de la phrase, il ne s’arrête pas aux mots. Il suit le raisonnement de l’auteur de l’acte veillant à ce qu’il n’y ait pas de perte d’information. Ce qui est difficile pour le traducteur c’est que les praticiens de deux systèmes ont leurs propres habitudes dans la rédaction des actes judiciaires et dans l’emploi du style de rédaction. En plus, il ne doit pas sortir les concepts de leur contexte. Il doit également faire ressortir leurs particularités. C’est ici que repose toute l’intelligence de la traduction. Comment traduire ? Si un terme n’a pas d’équivalent, car il ressort d’une procédure qui n’existe pas dans l’autre système, il faut le garder tel quel avec une explication soit dans la phrase soit en note de bas de page.

 

Les termes véritablement propres à un système juridique sont intraduisibles. Comment les résoudre ? En les gardant dans la langue d’origine avec une note explicative en quelques lignes. En tout cas, pas de transposition hasardeuse.

 

Il convient de se rapporter aux habitudes des juristes du pays et de reformuler selon leur façon de s’exprimer. Comment procéder lorsqu’on n’est pas juriste et on n’est pas un habitué des salles d’audience ? Les solutions sont à la portée de tous les traducteurs : acquérir des livres de spécialitélire des décisions de justice des cours d’appel et de la Cour suprême (source internet), avoir à portée de main des codes, des textes de loi, etc., nouer des liens avec des praticiens du pays.

 

En droit français, il existe plusieurs procédures autonomes avec des notions communes à toutes, mais aussi différentes de sorte qu’un terme en civil peut avoir un sens différent en pénal. Il convient donc de se situer dans le contexte de la procédure. Il faut varier son style.

 

Lorsque le texte est mal rédigé (contenant des emboîtements syntaxiques), voire incohérent, est-il permis d’améliorer le texte, même au risque de ne plus le traduire fidèlement ? Faut-il garder les erreurs du texte pour rester fidèle ? Beaucoup de traducteurs mettent en cause la mauvaise rédaction des actes judiciaires émanant de l’étranger. Il n’est pas question d’éclairer chaque difficulté par une note en bas de page. Le bon traducteur est celui qui trouve une solution sans recourir à une note en bas de page. Il faut se mettre à la place du destinataire de la traduction. Il n’appréciera pas les notes de trop. Elles expriment la défaite du traducteur.

 

C’est dire pour conclure que le traducteur est censé couvrir les défaillances du texte. C’est en cela que réside l’art du traducteur : parvenir à une traduction correcte malgré les difficultés qu’il a à gérer.

 

Il convient d’éviter d’enrichir le texte et de dire plus que le document source. La traduction juridique n’est pas une traduction littéraire. Il ne faut pas chercher de belles expressions et par là même, allonger la phrase. Faire, au contraire, court, dense. On peut rajouter, mais seulement pour rendre la traduction logique du point de vue juridique et cohérente avec le contexte.

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